Rudnia 2.0

Creusez un fossé d’une dizaine de mètres de profondeur sur un périmètre, disons, d’environ quatre-vingts kilomètres et commencez tout de suite à faire circuler la rumeur que le territoire de la colonie est une sorte de monstre impensable dont la moindre morsure (ou l’haleine même) transforment la chair humaine en un bois très dur, idéal pour la lutherie de haut niveau…

Croyez-moi : il n’y a que la légende pour glisser dans les siècles une idée durable. Il n’y a que le tabou pour glisser dans l’avenir une colonie viable.


Arthur S. Grevnitch, Après-demain, page 84

S’exposer

L’exposition « Zona / S’exposer à l’inconnu – Échantillons de Tchernobyl » associe dans une quarantaine de diptyques des images monochromes réalisées sans optique, un texte fragmentaire tiré du carnet de bord, des éléments audiovisuels et quelques vrais objets (livre scolaire, dosimètre allumé, carte).

Ligne d’alimentation du complexe nucléaire ЧАЗС, Ukraine

Les images jalonnent la route empruntée chaque jour entre le lieu de résidence et la forêt de Rudnia, en zone contaminée. Quelques unes proviennent de la zone du réacteur. Elles sont obtenues par l’effet direct de la lumière sur le film photo, dans une boite étanche percée d’un trou minuscule (sténopé).

l’appareil photo de Zona

Ces images rustiques résultent d’un temps de pose souvent long, dans une zone où le temps ne rythme plus la présence humaine, mais mesure plutôt la dose de rayonnement. Si les débits de dose indiqués ici restent faibles, au-delà de 0,3 microSievert par heure ils suffisent à rendre ces territoires inhabitables.

45 km au sud-ouest de Tchernobyl