Un train

Il paraît que les lumières
M’émerveillaient

Dans la nuit du train
Les lumières de Lyon

Les torchères de Feyzin
La loupiotte du carré

Je crois bien que
Je m’en souviens

À ce moment-là, j’entre
Dans le boyau nord-sud

Sur la dorsale du rail
Et je n’en sais rien

Je perds ma mère
Ça raye la nuit

Le lit file dans le midi
Avec un bruit de troupeau

Une joue de pâte à modeler
Contre la vitre

Et la bouche bée
Je me vois bien

J’ai dû aimer ce chahut
Très neuf accordé

À la cruauté du départ
De là à commencer

De croire que le monde
S’ébranle à juste titre

Il n’y a pas loin
Il n’y a pas si loin.

25 décembre 2005, Douarnenez